Gestes et postures au travail : et que ça bouge ! 

« Plie les genoux et garde le dos droit ». Qui n’a jamais entendu ce conseil pour « bien » se mouvoir ? Ce vieil adage a la peau dure, alors même que les dernières recommandations tendent vers des pratiques moins directives. Oui, parce que le problème de ces techniques et autres conseils pour porter une charge ou bouger en toute sécurité, c’est qu’ils sont parfois difficiles à appliquer. Imaginez votre boucher en train de mettre en rayon ses morceaux de viande bien lourds, le dos rond, plié en avant… vous voyez le problème ?

 

L’enjeu du maintien de la santé au travail, c’est de faire coïncider une activité professionnelle et un salarié, sans que la relation nuise à l’un ou à l’autre. Quels sont les gestes et postures adaptés au travail ? Quels sont les risques liés aux mauvaises positions ? Prévention, obligation, idées reçues, on vous dit comment bien faire bouger vos salariés 🤸🏻‍♀️

 

 

 

 

Gestes et postures : des enjeux de sécurité au travail

 

Gestes et postures : de quoi on parle ?

 

Appelons un chat un chat. Une posture ou un geste, c’est quoi ?

 

Le geste, c’est le mouvement d’une main, d’un bras ou de toute partie du corps visant à exécuter une tâche. La posture, elle, c’est la position du corps dans l’espace : rester debout ou assis, accroupi, les bras levés, etc.

 

La manutention, définie par l’article R.4541-2 du Code du travail comme une opération de transport ou de soutien d’une charge, concerne donc les deux notions.

 

Pourquoi différencier un geste et une posture ?

 

Ce sont deux efforts différents qui engendrent des contraintes sur le corps qu’on se doit de distinguer. Si le geste fait écho à un mouvement dynamique, la posture réfère à une position plutôt statique. Dans le premier cas, le risque est lié au côté répétitif du geste, à sa vitesse ou à son amplitude et dans le second, le risque est corrélé à sa durée, sa symétrie ou son maintien.

 

Bien cerner la contrainte et son mécanisme d’action sur l’organisme est la meilleure approche pour prévenir les TMS au travail, d’où ce petit rappel sémantique 👌🏻

 

L’approche figée du mouvement au travail

 

Pourtant, dans le monde de l’entreprise, on trouve encore souvent des « bonnes » postures à adopter. Voici le top 3 :

 

1. Bien se tenir debout

 

Pour réduire les tensions au niveau de la colonne vertébrale, on entend souvent qu’il faut se tenir debout, pieds écartés au-delà de la largeur des épaules, genoux légèrement fléchis comme pour une assise dans le vide.

 

2. Porter une charge

 

En matière d’anatomie et pour préserver votre dos, on recommande la flexion des jambes tout en gardant le dos droit. Il faut dire que si mon boucher porte 25 kg de viande, son effort musculaire est de 75 kg pour ses lombaires dans le cas où l’axe de sa colonne vertébrale est préservé. Et si ça n’est pas le cas, ces 25 kg se transforment en 325 kg de charges pour le bas du dos.

 

Mieux vaut avoir les lombaires préparées !

 

3. Travailler au bureau

 

En ergonomie, on décrit la bonne posture au bureau comme une position assise au fond du siège, avec les avant-bras à 45°, un support pour les pieds et un écran à bonne hauteur et distance des yeux.

 

En soi, tous ces gestes et postures ne sont pas mauvais, mais ils ne règlent pas les troubles musculo-squelettiques, car ces derniers sont aussi liés à la répétition des tâches ou au maintien des postures.

 

Gare aux troubles musculo-squelettiques

 

Le problème de ces postures, c’est qu’elles ne tiennent compte ni de l’ensemble des facteurs de risque de TMS ni de la réalité de la personne dans son environnement de travail. D’ailleurs, le concept de « bonne » posture conduit parfois à créer un effet nocebo¹, c’est-à-dire que le cerveau amène un effet psychologique ou physiologique délétère à la personne préoccupée par le fait de ne pas faire le bon geste.

 


Ces gestes et postures font bien partie de la prévention, mais ne sont qu’un des 9 piliers parmi ceux-ci :

 

  • éviter les risques ;

  • évaluer l’organisation ;

  • rechercher les causes des TMS ;

  • adapter le poste de travail ;

  • prendre en compte les progrès techniques et technologiques ;

  • sécuriser le travail ;

  • instaurer une démarche préventive durable ;

  • prioriser la protection collective ;

  • transmettre des instructions explicites.

 

Surtout, une bonne posture peut devenir délétère dès lors qu’elle reste prolongée… La condition sine qua non d’une prévention efficace des TMS est donc bien la variété des mouvements.

 

 

Varier le mouvement : une pratique à adopter en entreprise

 

Une obligation des employeurs

 

En France, l’employeur se doit d’assurer la sécurité physique et mentale de ses salariés et c’est la loi qui le dit (articles L4121-1 à L4121-5). Sa maîtrise du sujet est indispensable, puisqu’il est obligé de produire des résultats. Alors, suivez tous nos conseils pour une stratégie préventive efficace.

 

En même temps, chaque employeur a tout intérêt à se pencher (en pliant les jambes 😉) sur le sujet. Un rapport de recherche de 2011 conclut sur un retour sur investissement de 2,20 euros pour chaque euro, par année et par salarié, dépensé en matière de sécurité et de santé au travail².

 

De quoi donner envie aux entreprises de lancer un programme préventif, non ?

 

Trouver l’équilibre pour prévenir les TMS

 

Mais alors, quels mouvements préconiser aux employés pour éviter les accidents ?

 

Les facteurs biomécaniques sont l’un des 4 facteurs de risques des TMS et ils concernent : la répétition de mêmes gestes, la pratique d’une activité physique, les ports de charges lourdes et le maintien de postures contraignantes.

C’est donc le moment de vous parler de l’équilibre des gestes et postures, entre mouvements débiteurs ou créditeurs.

 

  • Le mouvement débiteur, c’est celui qui est répété chaque jour, pendant plusieurs heures, à l’image de votre boucher dont le mouvement de flexion du tronc peut être perçu comme un débit ;

  • Le mouvement créditeur, c’est celui qui représente l’inverse d’un mouvement trop répété ou d’une position maintenue trop longtemps. Si je reprends l’exemple du boucher, ça serait un mouvement d’extension (vers l’arrière) de la colonne.

 

Dans la vie quotidienne, personnelle et professionnelle, l’enjeu est d’équilibrer les débits et crédits pour éviter un découvert, en l’occurrence les douleurs musculo-squelettiques. Cette approche s’adapte à tous les secteurs professionnels puisque son objectif est de repenser le mouvement en fonction de chaque poste de travail.

 

 

Repenser la formation pour sortir du bon geste

 

Les formations gestes et postures au travail

 

Les formations ergonomiques « gestes et postures au travail » ont un cadre normé et leur objectif final est l’évitement du risque. Si cette base est importante, l’exécution n’est pas toujours envisageable sur le terrain. Comment faire lorsque ces normes ne sont pas applicables et que le travail n’est pas adaptable à l’humain ?

 

Vers une prévention personnalisée

 

En premier lieu, on établit un diagnostic précis pour détecter les contraintes biomécaniques avérées et ainsi proposer des exercices préventifs.

 

Dans un second temps, on l’accompagne et l’on suit son parcours pour réguler et éviter de tomber dans l’excès inverse de vouloir faire trop fort d’un coup. Le mot d’ordre est pro-gre-ssi-vi-té, au risque de mal gérer le stress mécanique.

 

Adapter les travailleurs à leur poste

 

Si on changeait d’approche pédagogique ? En complément d’une adaptation du poste de travail au salarié, pourquoi ne pas tenter une approche inversée ? L’enjeu est de faire en sorte que le salarié s’adapte à son travail, en fonction de sa situation et des contraintes qui s’y appliquent.

 

Car si les arrêts maladie pour TMS perdurent et augmentent, c’est bien qu’il faut prendre le problème sous un autre angle. Pour l’équipe de La Minute PEP’S, une bonne gestion des TMS passe par le fait de rendre chaque salarié acteur de sa santé : auto-check up, mouvement, pause active, etc.

 

 

L’organisation professionnelle vers la culture du mouvement

 

De la pause café aux pauses actives

 

Fatigue, picotements aux yeux, difficulté de concentration, position inconfortable, raideur… il est temps de faire un break. C’est là qu’arrive la pause active qui, rappelons-le, favorise la motivation au travail, la coopération, la concentration et la santé des employés. Trois bonnes raisons d’en faire un outil de prévention intégré aux routines de travail de vos équipes.

 

Vous êtes plutôt squats, adepte des exercices dans l’escalier, ou marche en extérieur ? Aucune raison de ne pas s’y mettre, car 5 à 10 minutes d’activité suffisent pour une session efficace.

 

Bouger sans culpabiliser

Se mouvoir est encore mal perçu en entreprise. Qui n’a jamais entendu quelqu’un dire « alors, tu te promènes ? » à un collègue dans un couloir ? Les clichés ont la vie dure et pour conséquence de rendre statiques les salariés qui n’osent pas bouger de peur d’être mal vus.

 

Pourtant, le mouvement, c’est l’une des clés de la qualité de vie au travail. Marcher pour réfléchir, s’étirer entre deux tâches, changer de posture… autant de gestes qui vont améliorer la circulation sanguine, détendre les articulations et réduire la fatigue.

 


Valorisez donc le mouvement en placardant une belle affiche PEP’s dans vos locaux 😁, en valorisant les comportements actifs et en encourageant les pauses qui bougent.

 

Le jour où vous aurez inversé la tendance, on entendra des gens dire à leur collègue « alors, tu bouges plus ? ». Et là, bouger sera devenu un vrai réflexe de santé.

 

Besoin d’aide ?

 

Notre mission à La Minute PEP’s est justement de vous proposer des ateliers sur mesure pour favoriser des prises de conscience au sein de vos équipes. Nous vous aidons à rendre vos salariés acteurs de leur santé 🤸🏻‍♀ afin de les sensibiliser, informer ou former à une démarche préventive appropriée. Contactez-nous pour plus d’informations.

 

 

 

Conclusion

 

Du secteur de l’industrie à la logistique en passant par l’administratif, la prévention des TMS n’est pas que le titre d’un dossier qui prend la poussière sur un coin de bureau.

 

La santé physique et mentale des travailleurs est une affaire réglementaire qui dépasse la promotion des « bons » gestes. Pour réduire les risques d’arrêt maladie, de TMS ou d’autres maladies professionnelles, il faut repenser la formation et aller au-delà, avec la mise en place de solutions concrètes, adaptées à la réalité du poste, mais surtout à celle du travailleur. L’enjeu est de réintroduire de la variété dans les gestes du quotidien.

 


Pour les employeurs, cette obligation de sécurité est aussi un levier d’économie et de performance. Des chargés de prévention aux salariés, chaque collaborateur a un rôle actif à jouer pour protéger sa santé physique et mentale. Alors, bougeons ensemble pour faire de la prévention des risques un travail collectif, au service de la santé et de la qualité de vie au travail. Et rappelez-vous « Si vous écoutez votre corps lorsqu’il vous chuchote, vous n’aurez plus à l’entendre crier » (proverbe tibétain).

 

Sources :

1Effet placebo, effet nocebo, aucun effet, vraiment ? par INSERM
2Rendement de la prévention: Calcul du ratio coût-bénéfices de l’investissement dans la sécurité et la santé en entreprise – Résumé des résultats par Dietmar Bräunig et Thomas Kohstall

Contactez-nous !

Anne-Hélène GOUALOU

Conceptrice de La Minute PEP'S et de son réseau de kinésithérapeutes, j'ai à cœur de vous partager notre vision de la prévention des Troubles Musculo-Squelettiques.

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