Risque TMS en vacances : 3 pièges estivaux à éviter

Ah les vacances… Un mot qui évoque repos, changement d’air et déconnexion. Mais, saviez-vous que le risque de troubles musculo-squelettiques (TMS) vous suit au-delà du lieu de travail ? Ces problèmes de dos, coude, épaule ou poignet ne touchent pas que les salariés soumis aux efforts répétitifs ou à une posture inconfortable en entreprise.

L’origine des TMS est multiple : facteur biomécanique, charges excessives, stress et conditions d’activité… En entreprise, le travail pèse lourd dans la survenue de ces maladies professionnelles, mais les vacances sont aussi un terreau fertile à leur apparition. Entre gestes inhabituels, mauvaises postures ou port d’objets lourds, le risque de TMS augmente, impactant votre santé, votre qualité de vie professionnelle, votre productivité… et vos congés.

Voici le top 3 des pièges estivaux à éviter pour comprendre comment anticiper et agir par une démarche de prévention.

 

 

 

 

Risque de TMS : comprendre, prévenir et agir (même l’été)

 

Les facteurs de risques des troubles musculosquelettiques

 

Petit rappel de la définition des troubles musculosquelettiques : il s’agit d’affections touchant les articulations, muscles, tendons… L’apparition des douleurs physiques peut se faire sentir au niveau des membres supérieurs, inférieurs et de la colonne vertébrale.

 

La formation et la localisation des TMS dépendent du secteur d’activité, du sujet et des conditions de travail. Gestes répétitifs, postures prolongées, vibrations excessives, risques psychosociaux, impact de l’organisation du travail, relation au manager… les conditions de travail en entreprise sont la première cause de TMS 😱
Et tous les secteurs sont concernés : de l’industrie au secteur du BTP en passant par les personnels soignants ou administratifs.

Pour autant, le lieu de travail, ses membres et son organisation ne sont pas les seuls facteurs de risque de TMS. On est bien là sur une maladie professionnelle multifactorielle comme le résume bien cette illustration :

 

infographie differents facteurs de risque apparition tms

 

Dans la qualité de vie au travail, on ne trouve pas qu’une question financière ou d’ambiance. La survenue de TMS est liée aussi aux facteurs personnels du salarié : l’âge, le niveau de sédentarité, la santé physique, mentale et même le niveau d’activité physique quotidien.

Le lien entre TMS et entreprise réside dans le fait que celle-ci est à l’origine des troubles ou du maintien, voire de l’aggravation des TMS. Donc même si le milieu professionnel est la première cause de survenue des TMS, il en existe d’autres qui sont externes à la société 💡

 

Pourquoi les vacances ne mettent pas les TMS en pause ?

 

Connaissez-vous la leisure sickness ou la maladie des vacances ? Si les vacances sont une période attendue et propice au repos, il arrive fréquemment qu’on tombe malade ou que les douleurs musculaires arrivent. Découverte en 2002 par des chercheurs néerlandais¹, cette maladie nous informe d’une charge de travail élevée, d’une incapacité à nous adapter à la situation de vacances (oui, oui !) et d’un sens accru des responsabilités à l’égard de notre vie professionnelle.

 

Autrement dit, on a du mal à déconnecter.

 

Pour l’expliquer, il semblerait que toute l’année, notre corps soit rythmé et boosté à l’adrénaline au travail, ce qui a pour conséquence de nous mettre en état d’alerte. Et quand viennent les congés, on se relâche et la baisse de vigilance nous rend perméables aux maladies, douleurs et fatigue musculaire.

 

Ce changement de rythme est un joli terrain de jeu pour la formation des TMS. Entre le relâchement d’un côté et les gestes et postures inhabituels de l’autre, on se détend, mais on se crispe autrement et paf, ça peut devenir douloureux.

 

 

Risque de TMS n° 1 : les trajets en voiture

 

Des douleurs au dos à la clé ?

 

Le problème de la voiture n’est pas tant dans la position assise qu’elle nous impose, mais le fait de maintenir cette posture longtemps sans interruption. Surtout quand on part en vacances loin de chez soi !

 

Rappelons qu’une posture devient contraignante à partir du moment où les articulations sont hors d’une zone de confort ou que son maintien dans le temps dure trop longtemps pour le corps. La posture assise statique en voiture en est un bel exemple.

 

Cette position prolongée s’accompagne d’immobilisme. C’est sans doute la pire chose pour notre corps qui a besoin de mouvement. Et avec lui, flexion de la zone lombaire, corps affaissé, compression des disques vertébraux, fatigue… Le mal de dos nous guette.

 

Prévention des TMS en voiture : comment limiter le risque ?

 

Dans notre article sur les 5 conseils pour prévenir le mal de dos en voiture, on évoque notamment le réglage précis du siège. Si à l’auto-école, on nous apprend à régler dans l’ordre le siège, le rétroviseur avant de mettre sa ceinture de sécurité, on ne nous apprend pas à régler la hauteur du siège pour un angle cuisse-tronc optimal 👌🏻

 

Au-delà de l’aspect ergonomique du poste de conduite, il y a aussi les pauses régulières à faire et si possible en mouvement, histoire d’inverser la posture et de prendre l’air. C’est le moment de s’étirer !

Enfin, la microsieste fait toujours du bien… surtout après le repas 😉 C’est l’occasion de récupérer de l’attention et de la vigilance pour éviter les accidents liés au manque de repos².

 

 

Risque de TMS n° 2 : les valises chargées

 

Un risque pour le dos, l’épaule et le poignet

 

Un mouvement brusque avec une valise qu’on pense légère et c’est le dos qui trinque, mais pas seulement lui. Saviez-vous que sur le podium des parties du corps les plus touchées par les TMS (source Ameli), on trouve :

 

  • les poignets, doigts et mains (38%) ;

  • les épaules (30%) ;

  • les coudes (22%) ?

 

Et ce, alors même que la lombalgie est la première cause d’arrêt de travail et d’invalidité.

 

Ces zones très sollicitées dans le quotidien professionnel sont mises à rude épreuve pendant les vacances. Hé oui, qui n’a jamais regretté d’avoir chargé de manière excessive sa valise ou son sac de voyage au moment de le porter ?

 

Durant l’été, voici 3 situations plus à risque qui peuvent devenir problématiques :

 

  • tirer une valise trop lourde ou un sac mal équilibré à une seule main. Ce combo traction – torsion sollicitera plus fortement les tendons de l’épaule et du poignet.

  • soulever un gros sac à dos sur une seule épaule ou un cabas bien rempli après le marché sur le même bras, plusieurs jours de suite. Ce type de port de charges est souvent source de douleur, car il est plus occasionnel, souvent chargé et asymétrique donc plus sollicitant et inhabituel pour le corps.

  • sortir son matériel de camping, monter la tente sans échauffement après 8 heures de route. Vous voyez le problème ? Ces gestes répétitifs et inhabituels réalisés sans préparation du corps sont une source de mini-traumatismes qui, bout à bout, s’accumulent.

 

Sensations inconfortables, syndrome du canal carpien et tendinites risquent de se pointer.

 

Comment éviter la surchauffe des articulations ?

 

Bonne nouvelle : la prise de conscience des gestes derrière lesquels pourraient se loger des TMS est déjà une première étape pour les éviter.

Et si, en plus, on procédait au remplacement des mouvements contraignants par quelques autres pratiques ? Voici quelques exemples :

 

  • équilibrer les charges de ses valises et sacs avec ses deux mains ;

  • alterner les deux bras pour porter ses sacs et cabas ;

  • changer sa valise et opter pour une version à roulettes ;

  • plier les genoux pour vous aider plutôt que le dos pour attraper le sac de voyage posé au sol.

 

Sans oublier d’envisager un chargement moins excessif 😉 À vous la valise minimaliste cet été !

 

 

Risque de TMS n° 3 : le smartphone sur le transat

 

Le duo redoutable pour les cervicales

 

Parmi les facteurs de risques biomécaniques spécifiques aux troubles musculo-squelettiques, on trouve le maintien excessif du cou en extension ou en flexion… par exemple, quand on scrolle son téléphone sur un transat et qu’on rapproche sa tête pour mieux voir l’écran. Vertèbres cervicales, épaules, bras et poignets sont soumis à un stress mécanique plus important.

Vous voyez le risque de cervicalgie arriver alors même que vous êtes tranquillement allongé sur votre transat en train de vous détendre ?

 

On pense déconnecter du boulot, mais le téléphone a plutôt tendance à nous déconnecter de notre environnement direct. La perte de conscience posturale à cet instant peut devenir un vrai risque de TMS, car on reste figé jusqu’à ce que l’apparition d’une douleur nous fasse bouger.

La position de la tête penchée vers l’avant alourdit la charge sur les muscles du cou et la pression sur les disques intervertébraux. Quant aux bras crispés à tenir le téléphone sans appui, ils augmentent la tension dans les épaules et les coudes, sans oublier les poignets qui pianotent.

 

La répétition du duo transat – portable entraîne à la longue des douleurs dans les muscles du cou, des raideurs dans les trapèzes, voire des fourmillements dans les bras… De quoi favoriser de possibles tendinopathies ou cervicalgies plus importantes.

 

Comment prévenir le risque de TMS ?

 

Pour les plus téméraires : raccrocher le téléphone pendant vos vacances 😁 C’est encore le meilleur moyen de déconnecter pour de bon et de vous reposer.

 

Si cette perspective vous provoque plus de stress, il est en effet inutile de provoquer des facteurs de risques psychosociaux ! Vous pouvez opter alors pour d’autres options comme le changement de position tous les quarts d’heure. L’idée n’est pas de chronométrer vos vacances, mais de vous mobiliser régulièrement.

 

Préférez aussi un transat avec accoudoirs ou coussins pour soutenir vos bras et pour placer le téléphone à hauteur des yeux.

 

 

Conclusion

 

Même en dehors du travail, le risque de TMS est réel. Ces pathologies, souvent liées à l’activité professionnelle, surviennent aussi lors de périodes de repos prolongé comme les vacances, ou pendant vos loisirs. Postures inconfortables, gestes répétitifs, perte de vigilance ou mauvaise ergonomie, les congés estivaux n’effacent pas l’exposition aux troubles musculo-squelettiques et encore moins leurs conséquences sur la santé physique et mentale. Employeurs, collaborateurs, dirigeants : la prévention des TMS ne se limite pas à l’environnement et au lieu de travail. Informez vos équipes et vos collègues des risques de TMS qui existent toute l’année. Le message clé à leur délivrer ? Écouter son corps chaque jour et agir dès les premiers signes en adaptant ses habitudes. Ces actions simples préservent la santé et la qualité de vie professionnelle et personnelle de tous les travailleurs. Pourquoi ne pas vous lancer un projet de prévention des TMS avec une évaluation partagée pour entamer une démarche efficace et durable ?

 

 

Et rappelez-vous « Si vous écoutez votre corps lorsqu’il vous chuchote, vous n’aurez plus à l’entendre crier » (proverbe tibétain).

 

Sources :

1Leisure Sickness: A pilot study on its Prevalence, Phenomenology, and Background par A.J.J.M. Vingerhoets et al.
2Centre de médecin du sommeil de Genève par CENAS

Contactez-nous !

Anne-Hélène GOUALOU

Conceptrice de La Minute PEP'S et de son réseau de kinésithérapeutes, j'ai à cœur de vous partager notre vision de la prévention des Troubles Musculo-Squelettiques.

Si vous y consentez, le responsable du site pourra recueillir des statistiques de visites anonymes pour optimiser la navigation