On parle beaucoup de l’importance de prévenir les TMS en entreprise et pour cause : ces affections représentent 86% des maladies professionnelles¹ et coûtent cher aux employeurs. En revanche, on entend moins parler des risques de TMS en lien avec la ménopause alors qu’ils existent bien 👀
En France, 14 millions de femmes sont ménopausées et 20 à 25% d’entre elles souffrent de troubles qui nuisent à leur qualité de vie (Source INSERM), dont font partie les TMS. Cette transition de vie particulière, pendant laquelle les femmes sont toujours en activités professionnelles, les rend plus vulnérables aux douleurs musculosquelettiques et à d’autres facteurs de risques de TMS.
La prévention des troubles musculosquelettiques chez les femmes en période de ménopause devient donc un enjeu dans toute bonne démarche préventive en entreprise. On vous propose de voir dans quelle mesure adapter les actions de prévention de votre organisation aux réalités biologiques et socioprofessionnelles d’une partie de vos salariés.
L’analyse des TMS en lien avec la ménopause
L’apparition des TMS et la ménopause
Petit rappel sur les troubles musculosquelettiques appelés communément TMS. Ces affections des tissus mous touchent les sphères articulaires, tendineuses et musculaires. Elles deviennent de véritables contraintes physiques et morales pour la personne touchée qui ressent des douleurs, raideurs ou lourdeurs au niveau de l’appareil locomoteur (épaule, main, coude, poignet, colonne vertébrale…).
Le lien avec le travail ? 86% des maladies professionnelles sont des TMS. La problématique est de plus en plus reconnue chez les employeurs, mais ces derniers sont peu sensibilisés à l’impact de la ménopause.
Pourtant, les femmes périménopausées (proches de la ménopause) ont 71%¹ de risque en plus d’avoir des douleurs musculosquelettiques en comparaison avec les femmes préménopausées (avec des cycles réguliers et stables). Or, on sait que ces douleurs sont l’une des manifestations des troubles musculosquelettiques.
Santé Publique France rappelle aussi qu’en 2018, 4,4% des salariées déclaraient être atteintes de TMS contre 3,2% des hommes. Et d’après l’ANACT, le taux de fréquence chez les femmes est de 17,8 contre 11,5 chez les hommes, avec une incidence de gravité supérieure au sein de la population féminine².
Ces troubles touchent donc plus de femmes que d’hommes en fréquence et gravité, et en plus la ménopause tend à aggraver le problème. On mesure donc l’importance de la mise en place d’un plan de prévention des troubles musculosquelettiques qui prend en compte le fonctionnement et les répercussions de la ménopause.
Conséquences de la ménopause sur les muscles et les articulations
Dans l’ensemble des symptômes musculosquelettiques identifiés chez les femmes ménopausées, on retrouve surtout les douleurs articulaires (arthralgie), la perte de masse musculaire, la perte de densité osseuse et l’arthrose³.
À leur origine, ce sont les taux d’œstrogènes qui les influencent. L’étude dont les données proviennent souligne l’impact négatif de ces symptômes sur la qualité de vie globale, dont fait partie la qualité de vie au travail.
Les recherches scientifiques nous apprennent aussi que l’incidence des lombalgies augmente avec l’âge et que les femmes préménopausées rapportent plus de douleurs¹ de dos.
Ces contraintes douloureuses sont d’ailleurs à considérer comme un symptôme prédominant au même titre que les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur et la dépression.
Les facteurs de risques spécifiques aux femmes en période de ménopause
Les risques psychosociaux
En parlant de dépression, elle est fréquente chez les femmes ménopausées du monde entier, avec une prévalence estimée à 35,6%³. La littérature souligne d’ailleurs l’importance de mettre en œuvre un dépistage régulier et des mesures de prévention efficaces pour aider les femmes concernées et limiter l’impact négatif de la dépression sur leur santé.
Globalement, les femmes sont surexposées aux risques psychosociaux, comme le précise le rapport n°780 du Sénat². Il mentionne d’ailleurs que ces risques, associés à une usure mentale qui leur est consécutive, « ont des conséquences majeures sur toute la santé des femmes, et en particulier dans le déclenchement et l’aggravation de troubles musculo-squelettiques ».
Même si le lien à la ménopause n’est pas direct, la dépression augmente chez les femmes concernées et l’on sait que c’est un facteur de risque de TMS. Il est donc temps d’agir en ce sens.
Les facteurs hormonaux et métaboliques
La ménopause s’installe sur plusieurs années. Les modifications hormonales et métaboliques qui en découlent entraînent progressivement des changements physiques comme :
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une modification de la composition corporelle, avec une augmentation de la masse grasse dont la répartition se localise au niveau de l’abdomen ;
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une perte de densité minérale osseuse les 5 premières années pouvant entraîner de l’ostéoporose.
Ces bouleversements hormonaux ont des répercussions sur la santé physique et sur l’activité professionnelle. Par exemple, les fragilités osseuses consécutives à l’ostéoporose peuvent augmenter les conséquences des TMS² tout comme les modifications corporelles impactent la posture.
Les facteurs extrinsèques organisationnels
L’article « Les TMS ont-ils un sexe ? » ( du Docteur Agnès Aublet-Cuvelier de l’INRS) met en lumière les répercussions de la double journée des femmes en matière de récupération. L’équilibre entre contraintes physiques et temps de repos nécessaires aux tissus pour s’adapter est rompu.
Un temps d’adaptation inadapté au regard des sur-sollicitations est un terreau fertile aux tendinopathies et lésions péri-articulaires. L’absence du temps d’adaptation et de renforcement tend à entretenir des phénomènes pro-inflammatoires qui augmentent le risque de douleurs persistantes.
De plus, l’ergonomie des postes de travail est pensée en référence à un corps d’homme moyen². Elle ne tient pas compte des spécificités du corps féminin : une taille en moyenne plus petite, une moindre force musculaire, un centre de gravité plus bas, un poids corporel moins important et un débit cardiaque inférieur. Par exemple, une femme qui porte des gants trop grands pour ses mains devra apporter une force de serrage supérieure pour tenir le gant en place et réaliser le geste de manutention qu’elle doit exécuter.
La prévention des troubles musculosquelettiques : 3 bonnes pratiques
L’entreprise est en lien direct avec les TMS puisqu’elle en est soit l’origine, soit un lieu favorisant son apparition ou pire, son aggravation. Alors, comment prévenir les troubles chez les salariés, en tenant compte des spécificités liées au genre féminin et d’autant plus chez les femmes de plus de 45 ans ?
Sensibiliser et accompagner les équipes
La prévention passe par un dépistage des situations problématiques pour ensuite intervenir. Une bonne démarche préventive demande :
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une approche globale de l’entreprise ;
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la participation du plus grand nombre d’acteurs ;
-
le partage des connaissances.
La communauté scientifique rappelle l’importance d’une évaluation des risques appropriée et d’une gestion prophylactique³ du syndrome musculosquelettique lié à la ménopause. Intégrer la question de la ménopause dans les politiques de santé au travail semble une première étape importante pour évaluer les situations de travail à risque, et ce, peu importe le secteur d’activité.
Adapter l’environnement de travail
Une fois l’état des lieux posé et les priorités définies, il est temps d’agir, mais pas n’importe comment. Les interventions dans une démarche préventive doivent aider à :
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réduire les charges ou sollicitations contraignantes et excessives ;
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informer, former, sensibiliser les équipes sur la sécurité au travail ;
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maintenir les capacités fonctionnelles des travailleurs.
Peu importe les solutions envisagées, elles sont réfléchies en amont pour être évaluées par des indicateurs, auxquels sera ajoutée une évaluation de la démarche d’implantation des changements.
L’objectif est d’avoir la plus grande adéquation possible entre environnement de travail et salariés en poste.
Ajouter du mouvement en entreprise
On sait que le mouvement agit positivement sur le corps et le bien-être des salariés. Voyez-le comme un outil à ajouter pour réussir votre prévention en entreprise.
Voici quelques bonnes raisons d’ajouter des pauses actives et de l’activité physique tous les jours au bureau :
– la sécrétion d’endorphines, comme la dopamine ou la sérotonine, améliore l’humeur et aide les salariés à mieux gérer leur stress ;
– l’amélioration du sommeil contribue à améliorer la qualité de vie ;
– l’activité aide à mieux gérer son poids ce qui, en période de ménopause, est une vraie préoccupation ;
– le sport agit sur les fonctions cognitives⁴ et tend à renforcer la cohésion et l’esprit d’équipe.
De bonnes raisons d’enfiler ses baskets en entreprise !
L’activité physique peut être encore plus spécifique pour la femme périménopausique du fait du risque d’ostéoporose. Pour cela, on tient compte de la notion de charge dans l’activité physique qu’on augmente avec progressivité et en fonction des préférences de chacune. Voici quelques idées d’activités en charge : la marche, la course à pied, les sauts et la musculation qui sont à encourager pour stimuler le tissu osseux.
Si vous manquez d’idées d’exercices pour renforcer les muscles du dos et assouplir les articulations, l’équipe de La Minute PEP’S vous guide avec des conseils et des solutions adaptées.
Conclusion
Lutter contre les TMS est une nécessité quand on sait qu’ils représentent 86% des maladies professionnelles et que la prévalence chez les travailleurs continue d’augmenter. L’exposition aux TMS des femmes s’accroît à mesure que la ménopause s’installe. La période ménopausique est loin d’être simple et en plus des douleurs musculosquelettiques, le risque de dépression s’accentue. À cela s’ajoute une organisation au travail responsable en partie de l’augmentation du phénomène. Aussi, la prévention des troubles musculosquelettiques chez les femmes ménopausées est un enjeu pour la santé des travailleuses. Une bonne sensibilisation peut limiter les risques, à condition que les mesures de prévention prises soient adaptées. Des équipements du poste de travail à la formation, le début d’une prévention passe par un diagnostic bien posé. Besoin d’aide ?
Sources :
Anne-Hélène GOUALOU
Conceptrice de La Minute PEP'S et de son réseau de kinésithérapeutes, j'ai à cœur de vous partager notre vision de la prévention des Troubles Musculo-Squelettiques.