Sport au travail : et si l’on parlait plutôt de culture du mouvement ?

sport-au-travail-remplacer-par-une-culture-du-mouvement

95 % des Français s’exposent à un risque pour la santé en lien avec leur manque d’activité physique ou leur sédentarité (Source ANSES, 2022).

 

À l’heure où la sédentarité augmente aussi vite que nos boîtes mail se remplissent, les entreprises doivent agir pour ajouter du mouvement dans le cadre de travail. En France, le manque d’activité physique est un problème sanitaire dont l’enjeu national est social, économique et professionnel. On vous en parle souvent ici : un salarié actif est plus concentré, plus motivé tandis qu’il est moins sujet au stress, à l’absentéisme et … aux troubles musculo-squelettiques (TMS) bien sûr 😉

 

Alors oui, on entend parler du sport en entreprise, mais ce dernier est souvent limité aux offres d’abonnements en salle de gym de grosses entreprises qui ont parfois une salle de sport au sein des locaux. Sinon, la pratique sportive se réduit aux défis ponctuels lancés par les RH pour la semaine de la QVCT.

 

Et si l’on créait une culture du mouvement, au lieu d’ajouter des séances de sport au bureau ? La prévention TMS passe moins par la mise en place d’un programme d’activités sportives que par une culture organisationnelle du mouvement qui autorise à bouger au travail en toute sécurité. Favoriser les pauses actives, autoriser les collaborateurs à bouger, impliquer les employés comme les managers, organiser des moments d’activité… de quoi faire gagner en plus à l’entreprise de l’attractivité 🤩

 

C’est l’heure de transformer l’activité en levier de performance et de prévenir la sédentarité par le mouvement 🤸🏻

 

 

Le discours fataliste sur les douleurs au travail

 

 

La Minute PEP’s intervient en entreprise très souvent et l’ensemble des kinésithérapeutes se rejoignent sur un discours fataliste qu’ils entendent régulièrement au sujet des douleurs au travail. « C’est normal, ça fait partie du job », « On fait avec les douleurs », « On sait qu’on sera cassé plus tard », « Je fais ce boulot tant que je peux, mais je sais que je devrais changer un jour » sont des exemples.

 

Ce genre de parole, issue des salariés la plupart du temps, est un vrai frein à la prévention des TMS en entreprise. Elle se heurte aux responsables qui ne savent plus comment faire passer les messages de prévention. Ces derniers semblent dérisoires face au fatalisme, au manque d’implication des salariés envers leur santé, ou au manque de moyens financiers et/ ou matériels.

 

Pas de quoi enclencher un programme de prévention sportif, efficace et cohérent sur le plan professionnel 😳 Sans un vrai changement de vision sur le sport en entreprise, les initiatives restent vaines.
Comment donner envie aux salariés de bouger quand ils en ressentent le besoin ? Comment changer le regard sur le fait de faire des pauses actives dans la culture des entreprises ?

 

On y vient.

 

 

Sport au travail et culture du mouvement : 2 façons de bouger

 

 

Le sport et l’activité physique en entreprise sont encore loin de faire partie intégrante de la vie professionnelle. 90% des salariés ne sont pas incités par leur patron à pratiquer. Pour autant, certains dirigeants proposent une activité physique ou sportive à leurs collaborateurs, qui peut prendre deux formes différentes.

 

Le sport au travail : une approche limitée

 

Certaines entreprises offrent à leurs salariés des activités sportives ponctuelles proposées de manière inégale selon la taille de l’entreprise :

 

  • 40% des employeurs le font dans les grandes entreprises ;

  • 13% dans les PME ;

  • 4% dans les TPE¹.

 

Les thématiques sont variées : il peut s’agir de cours ou d’abonnements pour des salles de gym, des créneaux de sports collectifs ou de sports de raquette en partenariats et au sein de sites dédiés.

 

Si l’intention est bonne, la portée reste limitée, car la participation ne suit pas toujours. 15% des salariés n’adhèrent pas aux activités, d’après le baromètre OpinionWay «Vitalité, Sport & Entreprise»². L’effet vitrine est sympathique et peut donner envie de rejoindre l’entreprise, mais les bénéfices risquent d’être peu durables.

 

La culture du mouvement : une prévention des TMS

 

Intégrer le mouvement en entreprise, c’est l’ajouter aux tâches professionnelles et non pas en plus du travail, même si les deux sont tout à fait compatibles.

 

L’objectif est d’insérer une diversité de mouvements, des micropauses actives ou d’adapter les espaces pour bouger. Voici un exemple d’action PEP’s mise en place avec un client : la création d’un système de post-it disséminés un peu partout dans l’entreprise. Sur chacun, un défi pour oser se mettre en mouvement. Le principe est simple : à chaque fois que quelqu’un tombe sur le post-it, il faut qu’il bouge 🤩

C’est une excellente occasion de proposer 10 squats pour tout spéculoos ou gâteau pris à la pause café.

 

 

Créer une culture de prévention TMS par le mouvement

 

 

Voici 3 éléments incontournables pour créer une culture de prévention par le mouvement.

 

Autoriser à bouger : le top départ

 

L’une des conditions sine qua non est sans nul doute que la permission d’oser bouger, qu’elle soit implicite ou explicite, vient d’en haut. Dirigeants, cadres dirigeants, c’est vous qui donnez le top départ pour inciter vos collaborateurs à se mouvoir davantage.

 

Ce message passe par un véritable changement de posture qui démontre clairement l’envie de changer les comportements. Ça peut aller d’une parole pour dire « C’est d’accord de se lever et s’étirer » à une invitation à faire des réunions debout, ou des micropauses sous forme de mini-marches.

 

Gandhi dirait même d’être le changement que vous souhaitez voir dans le monde 😉 Et il a raison puisque d’après l’étude d’Opinion Way :

 

  • 94 % des salariés se disent satisfaits de pouvoir pratiquer une activité physique ou du sport en entreprise ;

  • 100 % (oui, oui, 100) des dirigeants qui proposent des activités à leurs collaborateurs recommandent la démarche².

 

Impliquer des relais du mouvement internes

 

La création d’une culture du mouvement en entreprise se forme grâce à des relais internes à l’organisation, à commencer par les managers. C’est eux qu’il faut former et responsabiliser en premier lieu. Un responsable d’équipe qui fait une pause active, qui marche pour ses réunions ou qui parle de mouvement dans ses points hebdos, ça légitime l’idée que bouger au travail est loin d’être une perte de temps.

 

Vient ensuite le besoin d’identifier des ambassadeurs du mouvement. Il s’agit, par exemple de collaborateurs moteurs, issus de différents métiers, en mesure de lancer des défis internes et diffuser les bons réflexes de prévention TMS.

 

Une fois ces personnes-ressources ciblées, la cohérence entre le discours et les actes s’impose. Une entreprise ne prône pas la santé au travail si ses réunions durent trois heures assises, sans pause. Le mouvement demande de nouveaux comportements qui doivent être imaginés à tous les niveaux. En alignant les messages de prévention et les habitudes de management, il devient peu à peu un réflexe pour l’entreprise.

 

 

 

Vous manquez d’idées PEP’S pour bouger au travail ? Demandez votre affiche de prévention en haute définition.

 

Des espaces et du temps pour bouger au travail

 

Pour profiter des bienfaits de l’activité physique au travail, il faut s’attarder sur l’environnement. Inutile de vouloir réduire les TMS et autres douleurs au travail sans aménager un minimum des zones actives dédiées dans les locaux. L’installation de mobiliers comme les bureaux assis-debout, ou la création d’espaces de pause ouverts sont des manières d’intégrer des pauses actives au travail… de quoi lutter contre la sédentarité.

 

Cette solution favorise le bien-être uniquement si elle s’accompagne de la participation des équipes qui peuvent être mises à contribution. Ça sera beaucoup plus efficace que d’imposer des programmes sportifs. Pourquoi ne pas laisser le groupe imaginer ses propres défis ? À l’image du défi post-it, chacun peut proposer une pause mouvement de 3 minutes avant une réunion, des étirements ou une marche-café pour remplacer la pause assise.

 

L’autre bénéfice de ces actions, c’est qu’elles valorisent le collectif et renforcent la cohésion en faisant du mouvement un réflexe au bureau.

 

 

Le cadre légal du sport au travail : que dit la loi ?

 

Des obligations et incitations à bouger

 

La loi du 2 mars 2022 tend vers la démocratisation du sport en France, pour inciter la pratique sportive auprès de tous et notamment des entreprises en les invitant à « inscrire le sport dans leur raison d’être ».

 

L’essentiel juridique à retenir est que le sport en entreprise est facultatif. Un salarié ne peut recevoir aucune obligation de pratiquer une activité physique de la part de son employeur.

 

Par contre, la responsabilité de ce dernier est engagée s’il propose du sport au travail. Dans ce cas, il doit veiller à garantir la sécurité et la santé des salariés aussi dans ce cadre-là. Cela signifie que des espaces prévus à cet effet doivent être mis à disposition.

 

La pratique sportive peut avoir lieu sur le temps de travail avec autorisation de l’employeur ou en-dehors du temps de travail, avant ou après celui-ci ou sur les temps de pauses méridiennes.

 

Plutôt qu’une obligation, il faut voir le mouvement en entreprise comme une réponse à la sédentarité des collaborateurs et aux TMS ou autres troubles de la santé physique et mentale qui en découlent. Voyez-le comme un quelque chose à intégrer aux démarches en faveur de la QVCT en entreprise.

 

Maintenir le capital mouvement en entreprise

 

Plutôt que de parler d’activité physique, on pourrait parler de capital mouvement. Dans cette idée, chaque salarié dispose d’un capital propre, qui se crédite si l’agent varie ses postures, prend des pauses actives ou s’accorde des temps de récupération. À l’inverse, il se débite si le salarié reste trop longtemps dans les mêmes postures ou répète les mêmes gestes.

 

L’objectif pour l’entreprise est, comme pour un compte en banque, d’aider chacun à maintenir un capital positif, avec plus de crédit que de débit pour prévenir la fatigue, les douleurs et les TMS. Elle veille sur ce capital collectif et à la culture du mouvement au sein de ses équipes.

 

 

Un témoignage qui vaut mille mots

 

 

On a eu la chance d’avoir le retour d’expérience de Jesus Berecibar, ex-dirigeant de l’entreprise PasàPas, qui nous montre l’intérêt de créer une culture du mouvement en entreprise.

 

La QVCT dans l’ADN de l’entreprise

 

Dès la naissance de sa société de conseil en informatique, Jesus Berecibar fait du sujet de la QVCT en entreprise une préoccupation. D’ailleurs, le modèle économique de PasàPas, intègre une ligne de budget dédiée à la prévention et à la qualité de vie au travail.

 

Il nous partage aussi sa conviction « Pour que ça fonctionne, il faut que le dirigeant soit sincèrement impliqué ».

Son entreprise certifiée « Great Place To Work » proposait ce qu’il appelle à la fois des actions de forme, type nudges (des outils de suggestion supposés inciter les collaborateurs à bouger) et de fond. Pour ces dernières, on peut citer les actions de prévention avec des kinésithérapeutes autour des gestes et postures pour travailler sur ordinateur.

 

Voici un exemple d’amélioration des conditions de travail et de motivation du personnel en entreprise par le mouvement.

 

Une action pour impulser le mouvement

 

En 2010, à l’arrivée des premiers bracelets connectés, il surfe sur le côté addictif de ces objets comptant le nombre de pas pour en offrir à tous ces salariés en leur proposant un challenge. Le défi est collectif : il faut réaliser 20 millions de pas tous ensemble en 3-4 mois (ils sont 400 collaborateurs).

 

Cet évènement rejoint trois axes :

 

  • le team building qui permet de renforcer la cohésion avec le défi collectif ;

  • la santé puisque chaque employé s’est senti investi d’une mission de faire le plus de pas possible, in fine bénéfiques pour sa santé ;

  • le mécénat, car à chaque 10 millions de pas, un financement était offert à une association d’aide ZUPdeCO pour aider un jeune en soutien scolaire pendant un an.

 

Ce type d’action était ensuite renouvelée avec d’autres associations, comme À chacun son Everest qui accompagne des personnes atteintes de cancer. L’avantage, c’est que les salariés gardant leur bracelet, l’attractivité à effectuer ces 10 000 pas par jour continuait au quotidien. « C’était intéressant de passer aux pauses café voir le sujet du nombre de pas déjà faits s’inviter dans les discussions » confie le fondateur de PasàPas.

 

Des résultats gagnant-gagnant

 

En plus d’une productivité intéressante côté entreprise, Jesus Berecibar constate un taux d’absentéisme très bas du côté des salariés, pour son secteur d’activité. Il souligne aussi l’engouement des équipes à entrer dans le jeu puisque la quasi-totalité des collaborateurs s’impliquait dans chaque action collective. « L’humain aime aider des causes nobles ».

 

Si Jesus Berecibar est convaincu de l’intérêt du bien-être au travail, il ne se définit pas comme philanthrope pour autant. L’enjeu premier pour un chef d’entreprise est de maintenir la croissance de sa société. « L’entreprise s’est toujours bien portée grâce à l’ensemble des actions mises en place, donc c’est gagnant-gagnant ».

 

En effet, il ne s’agit pas de surfer sur une action, mais de penser à une culture du mouvement et du bien-être au travail sur le long terme. Déjeuners d’équipe réguliers, message d’accueil pour prendre la météo intérieure de chaque collègue au démarrage de l’ordinateur, corbeilles de fruits frais à disposition, happiness manager… Jesus Berecibar a multiplié les actions de manière à créer une qualité de vie au travail réussie et tenable sur le long terme.

 

 

Conclusion

 

 

Le sport au travail n’est plus une option, mais une nécessité sociale, sociétale et économique. Au-delà des cours de yoga, de natation ou de circuit training proposés dans quelques grandes entreprises, c’est toute une culture du mouvement qu’il faut intégrer au travail pour préserver la santé physique et mentale des salariés.

 

Ce sport santé propre à l’entreprise devient un accélérateur de performance. Prévention des risques psychosociaux, réduction du stress, prévention des TMS, amélioration de la condition physique, les travailleurs voient leur bien-être augmenter de manière proportionnelle à leur espérance de vie. En France, le Code du travail et le Code du sport soutiennent ces démarches, tout comme certaines fédérations sportives.

 

Grâce aux initiatives collectives, aux espaces actifs dédiés et aux horaires flexibles, les entreprises boostent leur cohésion d’équipe, la fidélisation et le bien-être des collaborateurs. Le tout est de créer un environnement dynamique et sécuritaire où le mouvement est au cœur de la QVCT.

 

L’entreprise contribue alors au développement du sport en France, tout en renforçant son image de marque et son attractivité.
Le mouvement est bien plus qu’un exercice physique. Il devient un outil en faveur de l’engagement collectif, de la motivation qui met le corps et l’esprit de chacun au service d’une meilleure santé et d’une performance durable.

 

 

Et rappelez-vous « Si vous écoutez votre corps lorsqu’il vous chuchote, vous n’aurez plus à l’entendre crier » (proverbe tibétain).

 

 

Sources :

1Activité physique et sportive, un levier en faveur de la santé au travail par Christèle Gautier et al. Ministère des Sports
2Think tank «Vitalité, Sport & Entreprise». par Baromètre Generali / OpinionWay
3Etude de l’impact économique de l’Activité Physique et Sportive (APS) sur l’entreprise, le salarié et la société civile- Synthèse par Goodwill management – MEDEF
Contactez-nous !

Anne-Hélène GOUALOU

Conceptrice de La Minute PEP'S et de son réseau de kinésithérapeutes, j'ai à cœur de vous partager notre vision de la prévention des Troubles Musculo-Squelettiques.

Si vous y consentez, le responsable du site pourra recueillir des statistiques de visites anonymes pour optimiser la navigation